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Un souffle de vie

Ta joue fraîche contre la mienne, ta jeune peau contre mon cuir froissé.

Je sens ton odeur d’enfant propret, c’est l’odeur de la vie toute neuve.

Tu restes un moment contre moi et s’il n’y avait pas tes parents pour nous contempler, je sais bien que tu te serais vite éloigné, mais par ton geste de refus, tu craindrais de provoquer leur courroux. Alors tu restes, tu attends enveloppé des émanations de mon vieux corps qui se décrépit.

Qui suis-je pour toi ? Un étrange bonhomme courbé sur sa chaise, le persil aux oreilles, des sillons qui parcourent mon visage aux contours avachis, suis-je encore dans ce monde des vivants ? Quand tu regardes ces photos d’un autre temps, en noir et blanc, comme si la couleur n’existait pas dans mon enfance, tu n’y trouves pas celui qui te serre contre lui aujourd’hui.

Le temps a pour toi des distorsions incompréhensibles, celui qui te sépare de tes géniteurs plonge déjà leur enfance dans une brume lointaine. Alors, moi !

 

Reste petit enfant, reste ! Insuffle-moi encore un peu de vie pour continuer mon chemin de vieux bonhomme.

Je voudrais te raconter ces histoires d’un petit garçon, des histoires de jeux dans les bois, de jouets fabriqués par ses petites mains, de l’école et ses pupitres en bois, des feux dans la cheminée qui n’empêchaient pas la gelée sur les vitres en hiver. Les noëls avec l’orange dans le sabot.

Mais je vois bien que tu ne comprends pas de quoi je parle, petit garçon, je vois bien…

 

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Adeline, le 23 décembre 2016

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Un souffle de vie

Adeline Debouillon

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