Je me nomme Justine Eluctable et suis une passionnée du temps.

Non pas celui qui passé, ne mérite plus mon attention. J’ai cessé de laisser subsister celle que j’étais. Juste celui, inéluctable, qui file pour m’évacuer du présent, m’entraîner dans un avenir que j’entrevois changeant, selon les jours, les mois, les saisons puis… Fatalement chaque instant, je me noie dans les secondes, en décompte chaque dixième en l’espérant à mes côtés, détaille ses contours et l’imagine nu et à moi seule : mon amour intemporel.

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Forcément, de cette vision, j’envisage quelques minutes avec lui, quelques caresses, des baisers brûlants, des murmures de tendresse. Et je freine avec mes doigts, sa grande aiguille. Immanquablement, celle plus petite ralentit, attendant son aînée qui se courbe et redescend fébrilement de Midi jusque six heures.

Implacablement les jours défilent pour les voir se dresser et redescendre inlassablement, alors que moi Justine, je voudrais tant les garder fières, arrêtées toutes deux à Minuit, tout le temps.

Inévitablement pourtant, elles retombent, dans le gouffre où elles se baignent… au fond, de cinq à sept.

Dans cet étang de douceur moite, sucrée-salée où je les voudrais éternellement invitées… bien droites, fermes et délicieuses. Stoppées net dans leur élan.

 

Inexorablement l’hiver succède à l’automne. L'été et le printemps sont si loin. Si passés maintenant. Et j’espère encore et toujours plus furieusement qu’enfin les mois cesseront enfin de défiler.

Infailliblement les années s’amoncellent et nécessairement moi, Justine, je me lasse de laisser filer ce temps qui passe et me casse affreusement. Mortellement. C'est juste... inéluctable.

 

Ce temps que je voudrais freiner à défaut de le piler, pour le conserver précieusement… cet amour intemporel : mon chéri.

Pour toi fatalement, je suis la gardienne de l'avenir. De notre avenir. Ta nounou chérie.

Je t’aimerai… tout le temps.

 

Justine Eluctable, le 11 janvier 2017.