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Il était une fois un gentil petit canard qui avait toujours froid.

Chaque jour sa maman lui demandait de prendre son bain dans la mare. Et invariablement, il répondait :

« Non non non. L'eau est bien trop froide. »

Mais un jour, tout bascula.

« Il faudra bien te mouiller, pour la berge traverser, lui souffla sa petite sœur bien plus téméraire.

— Non non non, il n'en est pas question, s’entêta le frileux.

— Comment vas-tu donc faire, s'enquit la téméraire ?

— Je vais longer le cours d'eau et un passage trouver. »

Téméraire regarda son frère s'éloigner sans se retourner. Elle tourna la tête et vit sa mère entrer dans l'eau puis traverser, suivie par onze de ses frères et sœurs.

Elle hésita moins d'une seconde.

 

« Hé, Coincoin, attend-moi ! Je viens avec toi ! »

 

Coincoin ne fut pas surpris. Cuicui était toujours la première à se lancer dans une nouvelle aventure.

 

Clopi-clopant, nos deux frangins suivirent donc la rivière. Ils la longèrent longtemps sans jamais trouver de passage suffisamment au sec pour Coincoin. L'obscurité tombait, bientôt le soir viendrait. Il fallait rentrer rapidement.

Cuicui aperçu soudain un roseau.

« J'ai une idée ! Nous allons marcher sur ce roseau. Avec notre poids, il va plier et nous pourrons traverser.

— Chuis pas sûr là. Le roseau pourrait se briser et nous tomberions tous les deux.

— Mais non, le roseau pli mais ne se rompt pas. Tout le monde sait ça.

— Je n'ai pas confiance.

— Alors ais confiance en moi, ta sœur.

— Hum, je ne sais pas. Je tremble. J'ai froid.

— Allons, il faut te lancer.

— Non non non !

— Très bien, dans ce cas, j'y vais. »

 

Coincoin prit la mouche. Croisant ses petites ailes, il tourna le dos en un coup de patte rageur sur le sol.

Cuicui n'en eut cure. Elle était déjà sur la branche de roseau. Comme prévu, à mesure qu'elle avançait, la branche ployait. Arrivée à mi-parcours, elle héla son frère à nouveau.

« Aller viens Coincoin, tu vois, c'est facile. »

Effectivement, Cuicui n'avait pas l'air en difficulté.

Coincoin cessa donc de bouder et s'approcha du rivage en grelottant.

Encouragée par le regard de son frère, Cuicui avança plus loin encore.

 

Soudain, sous l'effet de son poids, le roseau bascula. Cuicui n'avait pas mesuré. Le roseau fut trop court pour atteindre la berge opposée. Voyant qu'elle allait choir, elle prit son élan et sauta.

Le choc fut violent, elle tomba à l'eau et ne se releva plus.

Coincoin, pris de panique, en oublia le froid. Il sauta d'un bond sur le roseau courbé et plongea dans l'eau glacée.

De son bec il attrapa ses plumes et la hissa sur le rivage.

Une fois remontée, il la frictionna vigoureusement.

« Cuicui, tu m'entends ? Me laisse pas tout seul. Cuicui réponds-moi. »

Alors que Coincoin serrait sa sœur contre son cœur, laissant ses larmes couler sur son plumage, celle-ci ouvrit un œil.

« Mon pauvre petit Coincoin, que ne faut-il pas faire pour que tu prennes enfin ton bain. »

 

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Alouette, le 24 décembre 2016

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Le canard frileux

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