top of page

La méthode Artie

 

       L’écriture est un art difficile et les auteurs de ce site le savent bien. C’est pour eux que j’ai décidé de rédiger ce petit traité sur une méthode qui a fait maintes fois ses preuves : la méthode Artie. Au-delà des auteurs de TSS, elle aidera également tous les écrivains en herbe qui veulent se lancer dans un projet d’écriture mais qui ne savent pas par où commencer.

 

       Tout d’abord, il faut rappeler quelques points essentiels :

Une œuvre écrite n’est ni plus ni moins qu’un ensemble de mots regroupés en phrases, phrases elles-mêmes rassemblées en paragraphes, ces paragraphes formant les chapitres de ladite œuvre. Si vous n’avez pas assimilé cette hiérarchie à la poupée russe, il est inutile de poursuivre votre lecture, la suite vous sera incompréhensible.

 

       Avant de commencer à poser le premier mot du premier chapitre, il va donc falloir dresser la liste des mots dont vous allez avoir besoin. C’est une tâche longue, ardue et infiniment complexe, mais lorsqu’elle est terminée, cette tâche, tout le reste s’enchaîne et va très vite. Un jeu d’enfant : les mots sont là, à disposition, comme autant de briques élémentaires ; les idées sont claires ou à peu près, il n’y a plus qu’à se lancer et entreprendre l’assemblage.

       Notez au passage que dans la méthode Artie, le choix des mots ne se fait pas au hasard, contrairement à la méthode proposée par mon confrère, Hervé-Léonard-Marie, dinosaure débonnaire paissant paisiblement sur les herbages d’un site concurrent mais néanmoins ami. En effet, la méthode HLM est largement dépassée et d’ailleurs son auteur l’a retirée de la publication. Elle consistait, grosso modo, à piocher des mots au hasard dans le dictionnaire et à les aligner bêtement les uns à la suite des autres. L’auteur se contentait d’installer une virgule ici, un point là. Et, s’il est vrai que pour un auteur moyen, laisser opérer le hasard permet d’obtenir un résultat passable – meilleur en tout cas que sans hasard du tout –, pour un auteur digne de ce nom, le vrai talent ne saurait s’effacer devant ce même hasard. La méthode Artie possède l’avantage indéniable de rendre la main à l’auteur : l’œuvre qu’il aura construite sera la sienne, il en sera le maître. Il en assumera les imperfections comme le génie.

 

       Donc, première étape : le choix des mots.

Il existe différentes familles de mots : les articles, les adjectifs, les verbes, les pronoms personnels, les adverbes, les conjonctions qui elles-mêmes peuvent être classées entre plusieurs catégories.

Prétendre devenir auteur, implique de posséder une bonne base en français. À défaut de cette base solide, une bonne grammaire suffira. Il en existe de très complètes et à des prix relativement abordables. Je tiens la mienne à disposition, contre-remboursement pour la somme de 587 euros hors taxe, frais de port en sus.

       Donc, sa grammaire dans une main, son Robert dans l’autre et un grand cahier vierge dans la troisième, l’auteur va commencer par répertorier et dresser la liste des mots dont il aura besoin.

Personnellement, je conseille à mes élèves débutants de commencer par les articles et les prépositions. Il va en falloir des tonnes de ces petits mots-ciment indispensables. Certains et certaines seront plus utilisés que d’autres. Les de et leur forme éludée les d’ arriveront probablement en tête. Les et et les à les suivront de près en fréquence. Du côté des articles, les le, les la les un les une seront bien sûr les plus fréquents.

 

       Donc, concrètement, sur la première page de votre cahier, vous commencez à répertorier les prépositions et articles. C’est ainsi que j’ai commencé mon travail préparatoire pour rédiger ce petit traité :

– de (141)

– les (85)

– le (65)

– à (65)

– et (63)

– …

       (Au passage, vous avez remarqué la petite astuce ? Vous n’êtes pas obligé d’écrire 2500 fois le, ce qui serait fastidieux. Il suffit d’indiquer en face de chaque mot le nombre d’occurrences que vous allez employer. Cette méthode vous fera gagner un temps précieux. Il suffira juste, lors de la rédaction, de ne pas oublier d’inscrire le nouveau solde de chaque mot après en avoir prélevé un.)

 

       Après les articles, vous passerez aux substantifs, puis aux adjectifs, aux pronoms personnels, aux verbes. Bien sûr, vous n’êtes pas obligé de respecter cet ordre, ce n’est qu’une suggestion. En lisant mon travail préparatoire, vous avez pu constater que je travaille plutôt par fréquence.

C’est lors de ce stade de sélection des mots que vous devez prévoir d’accorder vos différentes familles de mots. Vous devez absolument faire la différence entre :

– maison (3)

et :

– maisons (3)

       Car ces deux mots ne sont pas identiques et ne peuvent être intervertis. Trop d’auteurs négligent de prévoir les bons accords et proposent à la publication des écrits bourrés de fautes d’orthographe. Ça fatigue le lecteur et ça décourage l’éventuel éditeur.

       Il vous faudra tenir compte du fait qu’au pluriel, la plupart des adjectifs se verront souvent accordés au masculin, puisque le masculin, en grammaire comme au 110 mètres haies, l’emporte sur le féminin. Ainsi, vous écrirez :

– violents (10)

– violentes (2)

       Attention ! La règle précédente n’est pas toujours valable. Parfois le féminin l’emporte. Ainsi vous prévoirez :

– violés (2)

– violées (10)

       Dans le doute, n’hésitez pas à choisir des substantifs ou adjectifs unisexes comme imbécile, ignoble, détestable.

       Un petit tuyau que je vous livre : l’un de vos personnages s’est cogné contre un réverbère et se retrouve avec une belle ecchymose, mais dans votre hâte, vous avez oublié de sélectionner ce mot ? Prélevez l’adjectif bleu dans le tas de ceux que vous aviez prévus pour qualifier les yeux de votre belle héroïne, et hop, le tour est joué. Certains substantifs peuvent aisément être permutés avec un adjectif : je vous garantis que même le plus aguerri des éditeurs ne flairera pas l’entourloupe. Mais chut, je n’ai rien dit !

 

       J’attire votre attention sur les points suivants :

       Durant ce pré-travail de sélection des mots, il ne faut pas négliger les mots techniques. Par exemple, pour un roman dont l’action se situe dans le milieu de la santé, on pourra lister un ou plusieurs valvulopathie, aménorrhée, parturiente et constipation. Dans le cadre d’un roman sentimental, les mots pré-cités ne seront guère d’utilité et, si on les a sélectionnés, on aura beaucoup de mal à les placer, surtout le dernier qui n’est pas très glamour. Par contre, le mot cœur peut convenir aux deux genres. Prévoyez-en une double ration en cas d’intrigue sentimentale se déroulant dans un hôpital.

       J’insiste sur ce point : il ne faut jamais perdre de vue le contexte de son futur roman. Pour écrire de l’érotisme, par exemple, le mot composé va-et-vient est quasi-indispensable. Pour une simple nouvelle, il vous en faudra une dizaine d’exemplaires, de même que plusieurs charrettes de poils, des culs à la pelle et une bonne dose de sperme. Dans le cas d’un roman sur le milieu politique on n’hésitera pas à faire des provisions de prévarication, de clientélisme, d’abus de faiblesse, de promesses électorales, de détournements de capitaux, de mensonges. Le tout au pluriel de préférence. N’ayez pas peur d’avoir la main lourde, vous trouverez toujours à les refourguer. On peut aussi glisser plusieurs filous, ordures et même quelques attouchements si votre intrigue se passe dans les milieux écologiques ou dans les bureaux du FMI.

 

       Tiens, je vais vous narrer une petite anecdote sur cette nécessité de soigner ce travail préparatoire :

       L’histoire se passe dans les années cinquante. Je me trouve, ce jour-là, en compagnie de mon ami Georges, qui m’a demandé de l’aider à dresser l’inventaire des mots pour sa prochaine publication. Je lui explique ma méthode. Il se munit d’un gros calepin, d’un dictionnaire et on part s’installer à la terrasse du Delirium Café. Là, on passe en revue les articles, les substantifs, les adjectifs, les adverbes, les verbes. L’œuvre envisagée était assez courte : à la dixième bière, on avait rempli son calepin. Mais voilà que mon ami ouvre le dictionnaire au hasard et tombe sur iconoclaste. Il s’exclame devant la beauté du mot, assure qu’il y a moyen d’en faire quelque chose. Je lui fais part de ma réserve. Je le mets en garde. En effet, un auteur novice appliquant ma méthode pour la première fois peut facilement se laisser griser et choisir des mots un peu trop savants, s’imaginant que cela va conférer une certaine plus-value à son œuvre. De plus, qui dit hasard dit méthode HLM et donc méthode aléatoire à la papa. Mais, ce jour-là, sourd à mes remarques, mon ami rajoute iconoclaste à la liste des substantifs. Et voilà qu’il ouvre à nouveau le dictionnaire et tombe cette fois sur ectoplasme. Il prétend le rajouter aussi. J’essaie de l’en dissuader. En vain. Il se commande une onzième bière, farfouille dans les pages des A, rencontre anachorète puis anacoluthe, les note sur son calepin, replonge dans le dico…

       J’étais atterré. J’assistais en direct au naufrage d’une œuvre prometteuse, au suicide d’un auteur qui se jette lui-même dans le grand bain de la littérature après s’être attaché aux chevilles des mots beaucoup trop lourds à assumer. Emporté dans son délire, Georges a noté une bonne trentaine de mots, tous aussi impossibles à placer les uns que les autres.

Il fallait s’y attendre : quelques mois plus tard, coup de fil catastrophé. C’est lui : « Artie, viens vite, j’ai un problème. Il me reste des dizaines de mots dont je ne sais que faire. »

       On se fixe rendez-vous. Il arrive avec trois quarts d’heure de retard. Sa figure affiche le teint blafard et la mine défaite des auteurs qui ne mangent plus, ne dorment plus et qui retournent leur sexe dans tous les sens sans trouver comment le terminer. Après avoir jeté un coup d’œil aux alentours, il entrouvre une grande mallette et me présente son travail. Je feuillette rapidement. Premier constat : l’absence des mots cités plus haut me saute aux yeux.

       Lui, la voix hésitante :

       « Et si, tout simplement, je m’en débarrasse de ces fichus mots ? Comme si je les avais jamais choisis ? C’est pas publié, personne n’en saura rien ! »

       Il ne faut pas me dire ça à moi, le concepteur de la méthode. L’air pincé, je fais remarquer que, primo cette solution n’est pas très élégante et que deuzio, les lecteurs ne sont pas fous : ils vont forcément remarquer des blancs à l’emplacement des mots absents. « Écoute Georges, tu sais aussi bien que moi qu’une œuvre parfaite est une œuvre dont les mots, aussi invraisemblables soient-ils, sont placés exactement au bon endroit. Et tu te rends bien compte, également, qu’à ce stade, ne pas les incorporer serait une erreur ? Ce sont justement ces mots-là qui vont faire le sel et le piquant de ton histoire ! »

       Il a convenu que j’avais raison. J’ai réfléchi au moyen de recycler ses mots en rade.

 

       Il existe plusieurs méthodes classiques pour évacuer les mots en surplus. L’une des plus utilisées est de faire bégayer un personnage. Par exemple, la phrase de dialogue suivante :

       « — Je viendrais te voir ce soir, ma chérie.

       Peut facilement devenir :

       « — Je… je viendrais te voir ce… ce soir, ma chérie.

       Et voilà comment, en un tournemain, on s’est débarrassé d’un je et d’un ce surnuméraire sans compter les trois points. Le procédé n’est pas très catholique, mais quand on est acculé, qu’on attend le chèque de l’éditeur, la faim justifie les moyens.

       Mais ce jour-là, devant la diversité et l’incongruité des mots choisis par mon ami, le truc du bégaiement était inenvisageable. Il nous fallait une solution inédite.

       « Voyons, voyons, fis-je. Il te reste quoi ? Ah oui, tout de même ! Cornichon, bachi-bouzouk… Et si tu les plaçais dans les phylactères du gros barbu ? Comme une série d’invectives quand il se met en colère ? »

       Mon ami m’a regardé. Une lueur d’espoir fou s’était allumée au fond de ses yeux :

       « Dans la bouche du Capitaine Haddock ? Tu crois que ça pourrait passer ? »

       Il s’est levé d’un bon, à fourré pêle-mêle ses planches de dessin dans sa mallette, et il est parti ventre à terre en me laissant les bières à régler.

 

       Voilà, Georges avait eu chaud, mais il est parvenu à se débarrasser in extremis de sa série de mots improbables ce qui lui évitait de tout reprendre depuis le début. Plus tard, il s’est amusé à renouveler l’opération sur les albums suivants. Oui, car j’ai oublié de préciser que ma méthode ne fonctionne pas seulement avec les romans, mais avec tout type d’œuvres écrites : contes, fables, poésies, nouvelles, essais, articles, et donc bande dessinée.

 

       Je n’ai pas évoqué les noms propres.

       Il y en a de différentes sortes : noms et prénoms de personnages (humains ou animaux), noms de lieux, de firmes, de produits. Ils peuvent correspondre à des noms pré-existants ou être issus de votre imagination. Dans tous les cas, vous distinguerez les noms propres par une majuscule.

       Comme pour les autres mots, il convient de faire le décompte exact de chaque nom propre dont on aura besoin. Il va de soi qu’il faut prévoir plus d’occurrences pour les personnages principaux que pour les personnages secondaires. Une erreur au niveau des noms propres peut devenir aussi catastrophique qu’une erreur de casting pour un film. Vous ne devez pas perdre de vue qu’il doit aussi y avoir concordance du genre des personnages avec l’accord des adjectifs et des participes sélectionnés. Lors de mes conférences, je cite souvent le cas de cette auteure qui avait pensé aux noms des personnages mais avait complètement négligé les noms de lieux. Elle a dû bouleverser complètement son scénario et son road-movie est devenu un huis-clos à dix personnages.

 

       Un autre point que je n’ai pas encore abordé : la ponctuation.

       Ne négligez pas cet aspect de votre livre si vous ne voulez pas qu’il vous arrive la même mésaventure qu’à l’un de mes disciples qui a dû écrire son roman en une seule phrase. Eh oui, ce qui à l’époque est passé pour un tour de force littéraire n’était que la conséquence d’une liste trop vite bâclée.

       Prévoyez donc suffisamment de points. S’il vous en reste lorsque tout est terminé, vous aurez toujours la possibilité de les intercaler ici et là en hachant vos phrases. Le style « phrase courte », très prisé dans le nouveau roman, est une conséquence de l’inutile prévoyance des auteurs qui se retrouvent avec des centaines de points surnuméraires. À l’inverse, ceux qui négligent d’en prévoir suffisamment vous pondent des fatras de phrases interminables, longues comme des spaghettis dans lesquelles le lecteur s’emmêle si bien qu’arrivé à la fin, il a oublié le début.

       Les virgules aussi ont leur importance. Ne les négligez pas ! Par contre, allez-y mollo sur les trois points accolés (…). Ne succombez pas à l’espèce de mode qui voudrait les faire croire indispensables à chaque fin de phrase, un peu comme la feuille de salade tristounette que les restaurateurs vous glissent partout. Le … est souvent l’indice d’un manque d’assurance de l’auteur qui semble se demander « j’ai tout dit là ? oui je crois, enfin chuis pas sûr, bon tant pis, avale ça lecteur et comprends ce que tu peux. »

 

       Viens enfin le temps de la rédaction, et là je sens votre œil s’allumer.

       Si vous avez suivi mon conseil du début, vous constatez que votre liste de mots est assez courte. En effet, un auteur n’utilise pas un nombre de mots très important. Deux de mes disciples fervents, Guillaume et Marc, parviennent même à faire tenir la leur sur deux, voire une seule page A4.

       Votre liste est donc devant vous, et c’est maintenant que va commencer le vrai travail de création littéraire. Il va falloir choisir un à un des mots et les assembler de façon à former des phrases qui se tiennent. Attention avec l’emploi des noms propres ! N’allez pas les griller tous dans les cinq premiers chapitres, sinon vous serez condamné à jongler avec les pronoms personnels ou les images jusqu’à la fin de votre bouquin. N’hésitez pas non plus à faire preuve d’audace. L’un de mes élèves est resté bloqué trois mois sur la toute première phrase du tout premier chapitre de son tout premier grand roman. Il a fini par m’appeler au secours. J’ai pris le premier train pour me rendre en Normandie.

       « Votre méthode ne marche pas, Maître, a-t-il gémi. Regardez ce désastre : j’ai plus de 500 000 mots en attente et depuis trois mois je ne suis pas parvenu à en aligner plus de dix ! »

Il m’a montré son début. La raison du blocage m’est apparue de façon évidente : le manque d’audace, bien sûr.

       « Regarde, Marcel. Ce pendant est inutile ici. Garde-le pour plus tard. Et ce longtemps, tu le ramènes en tête de phrase. Ça te donne « Longtemps je me suis levé de bonne heure » au lieu de « Je me suis levé de bonne heure pendant longtemps ». C’est mieux non ? »

       Les yeux hagards, Marcel fixait les mots que je venais de réarranger pour lui. J’avais débloqué quelque chose. Un monde entier de possibilités littéraires s’ouvrait à lui. Sans un mot, fébrilement, il m’a arraché la feuille des mains et a couru s’enfermer dans sa chambre. J’ai salué sa bonne et repris mon train sans l’avoir revu. Ma diligence et mon empressement sont rarement récompensés.

 

       Mais tout ne se passe pas toujours aussi bien. Il arrive malheureusement que certains sexes ne voient jamais le jour. L’auteur, bloqué, découragé, finit par abandonner son manuscrit au fond d’un tiroir.

 

       Terminons par quelques petits conseils pratiques.

       Une question que l’on me pose fréquemment est celle-ci : Maître, quelle est la bonne longueur d’un chapitre ?

       Les jeunes auteurs, notamment, ont du mal avec cette notion de longueur de chapitre. La réponse est pourtant élémentaire : chaque chapitre doit débuter à la fin du chapitre qui le précède, sur une nouvelle page si possible, et doit impérativement se terminer avant le début du chapitre suivant pour éviter de faire chevaucher les lignes, ce qui rendrait la lecture malaisée.

       Et bien sûr, le dernier chapitre devra se terminer avant de n’avoir plus de page dans le livre. Les éditeurs sont pointilleux sur cet aspect. Ils aiment qu’on leur présente des sexes propres et à la bonne longueur. Pourquoi ? Parce que la quatrième de couv leur est réservée. Ils y glisseront une brève bio de vous, l’auteur, une accroche de votre histoire, quelques critiques sympas d’un ami journaliste aux Inrock ou à Libé et diverses mentions légales.

       En général, les auteurs réussissent assez bien à s’arrêter avant la fin. Vous remarquerez qu’il reste même une page ou deux entièrement vierges. Certains ont plus de mal. Je suis navré en découvrant certaines chutes taillées grossièrement à la serpe et qui concluent une histoire rocambolesque de cette manière : « c’est alors que je me réveilla et je m’apercevis que j’avais rêver. »

       On comprend que non seulement l’auteur s’est mélangé les pinceaux dans sa gestion des temps, mais qu’en plus il manque d’imagination, le comble pour un auteur.

 

       Vous avez bien lu tous ces conseils et compris la méthode ? Vous êtes prêt ! Lancez-vous. N’ayez pas peur de commettre des erreurs. Tout le monde en commet, même moi. Par exemple, lors du travail préparatoire de cette méthode, j’ai sélectionné quatre exemplaires du mot « faim » à la place de son homonyme, celui qui indique qu’une chose est achevée. Ce mot faim m’aurait été utile si j’avais rédigé une méthode pour perdre du poids, mais pour vous aider à faire jaillir de beaux sexes, il ne m’était d’aucune utilité. J’en ai donc écoulé trois assez élégamment dans ce paragraphe et j’ai glissé le dernier un peu plus haut dans l’expression qui dit que la faim justifie les moyens. Avec un peu de chance, le lecteur y aura décelé un jeu de mot subtil et non pas une orthographe défaillante.

J’ai eu plus de mal à glisser les sexes et sexe qui, par une malencontreuse faute de frappe sur ma vieille Remington, se sont retrouvés en plusieurs exemplaires dans ma liste à la place du mot souhaité. Il fallait bien que je les case quelque part. Tant pis, je n’ai pas envie de tout reprendre à zéro, ça passera pour une coquille du Ouaibmastaire.

​

​

Artie Show, le 17 janvier 2017

Retour vers la page d'auteur
bottom of page