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Inspiration

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Tout s’embrouille, s’enroule dans ma tête. Je ne sais plus écrire, voilà que les mots me manquent pour dévider ce fouillis d’idées, d’images qui hantent mon esprit.

Des morceaux de phrases surgissent, disparaissent, hoquettent. C’est une armée en perdition dont les mots-soldats courent en tout sens, éperdus dans l’attente d’ordres cohérents.

Est-ce que je sais, est-ce que je peux ? Le doute m’assaille. Il s’est introduit petit à petit, je l’ignorais, mais il serpentait en suivant les méandres de mon cerveau, il s’installait en maître, bousculant mes personnages fragiles, grignotant une à une les syllabes, il étalait sa bave visqueuse et destructrice sur mes frêles idées.

L’armée est en désespérance.

Une phrase parfois se déploie et s’étire, mais s’enlise dans le piège poisseux du doute. Les points d’exclamation, frêles sentinelles, s’agitent, se multiplient, en vain ! La proposition a disparu.

 

Les mots-soldats continuent de courir sans jamais se rencontrer, dans l’impossibilité de se rassembler pour laisser la phrase exprimer une idée, une scène. Le doute les a rattrapés.

Soudain se dresse le courageux « fuyons » accompagné de sa sentinelle tremblante. Il tente un appel, il veut rassembler les mots-soldats dans une fuite frénétique.

Hélas, hélas, lui aussi s’enfonce dans les glaires où surnagent un moment quelques mots, aidés par leurs hampes des « p », des « y », des « j ».

Ô douleur, douleur, ma page est blanche, désespérément vide !

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Enzo, le 30 décembre 2016

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