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Ubiquité

Je te regarde, désespérément absent. Tu me nargues. Tu apparais, disparais.

Tu clignotes, reviens, repars. Les minutes s’égrainent et je reste là, contemple mon écran.

Impuissance.

 

Un seul mot, une image, une virgule, un signe, quel qu’il soit. Un petit rien pour faire de nous un tout. Je suis là, je te cherche. Je t’attends, je te rêve. Je te sens, je te perds.

 

Tu apparais enfin. Tu reviens. Je ne sais que dire. Ton absence me brise, ta présence abstraite me vrille.

 

Je ne peux plus t’imaginer, j’ai trop mal. Tes mains-fantôme pénètrent mon cœur, l’oppressent. Tes baisers-vapeur laissent un vide qui me glace. Tes regards-clichés sont des poignards enfoncés.

 

Mon âme étalée t’es offerte, voyage. Elle te retrouve.

 

En son absence, je ne suis que pantin. Désarticulé, mon corps déambule. Dans les couloirs, dans la rue, avance comme un funambule. Sur le fil de la déraison, marche dans ta direction.

 

L’ectoplasme-envies surpasse chaque folie. Enthousiasme. Éthéré-désir délie mes soupirs. Phantasmes. Retrouvailles rêvées, scènes jouées. Espoirs innocents, cœurs insouciants.

 

Réalité brutale, réveil carcéral.

 

Dans ma cage dorée, je ne sais plus voler. Je souris, je vis. À l'intérieur, je crie.

Je voudrais être ailleurs, n’importe où avec toi sera bien meilleur.

 

En attendant ces « peut-être », je développe mon don, je travaille ma raison. Tout risquer ou rester ? Je veux l’ubiquité.

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Jessy Per, le 30 octobre 2016

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