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Ordre et désordre

Névrose du rangement

 

 

Premier avertissement : le sous-titre n’est absolument pas adapté. Précision : moi non plus.

Premier étalage : parmi les nombreux trucs et les quelques machins qui me pourrissent la vie, il y a mon goût immodéré pour le café fort, les crises de colite qui s’en suivent, l’hystérie de mon compagnon, le clocher du village qui se moque de mes insomnies, l’envie compulsive de dépenser le fric que je n’ai pas, la nouvelle génération des super poux résistants aux insecticides, la météo, l’hystérie de ma fille. Il y a aussi le désordre.

Premier aveu : jamais femme ne rangea autant que moi.

Premier mensonge aussi. À quoi bon se répandre en confessions minables si l’on ne ment pas.

C’est la mode de lire que nettoyer et réorganiser ses armoires est une thérapie. On touche un machin symbolique qui aurait à voir avec mettre de l’ordre dans ses idées. Il y a même des coachs spéciaux. L’idée me fait mouiller, j’aimerais tuer un consultant en rangement, voilà ce que j’aimerais vraiment faire.

Premier lien évident : oui, ma Maman chérie a beaucoup d’ordre. Elle m’a même prêté sa femme de ménage, dans les bras de qui j’ai envie de mourir.

Deuxième aveu : jamais femme désordonnée ne rangea autant que moi.

Deuxième constat : je suis incapable, dépassée, nulle. Je connais les conseils : trouver une place pour chaque chose, remettre les objets à leur place au fur et à mesure.

Deuxième aveu : je passe mon temps à chercher mes clés et mon téléphone, qui sont rangés dans mon sac, qui est accroché au porte-manteau, comme le conseille le consultant, qui va bientôt crever.

Troisième plainte : j’ai envie de pleurer. Souvent.

Cinquième aveu : j’adore regarder les détergents au supermarché, c’est comme les yaourts, ils me parlent, ils m’appellent, me promettent des miracles.

Quatrième aveu : jamais femme désordonnée ne posséda autant de torchons en microfibres, de sprays spécial salle de bain, de shampoings pour tapis, d’huiles d’entretien pour plancher.

Deuxième constat : la vérité, c’est que j’en fais trop. Je vide la poubelle, je trouve une chaussette, je la renifle, je pose la poubelle, j’arrive au lave-linge, je le lave au vinaigre (drôle d’idée, oui, mais mon coach est mort), puis le téléphone sonne et les patates ont brûlé.

Sixième mensonge : je prie saint Goustan et sainte Claire d’Assise.

Huitième aveu : j’écris uniquement pour me laver. L’âme.

Première plainte : je n’ai aucun message.

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FPC, le 5 septembre 2017

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