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Descriptivité et inéluctabilité

 

 

Chaque été, je pars en vacances. À la mer. Je fais partie de ces connasses qui restent allongées sur un transat avec un bouquin alors que les hommes eux jouent ! C’est écœurant. Chaque été, j’observe des mâles s’agiter et beugler de beach-volley en beachsoccer. Ouais, ouais, je sais, de temps en temps, y’a aussi une nana qui se tape un jogging avec des écouteurs sur les oreilles… Mais m’en racontez pas. Au départ c’était juste pour garder le cul rond, le ventre plat. Et à force elle a viré accroc aux endorphines. Pauvre dinde. Rien d’autre. Ne parlons pas de joie. Tandis que ces cons qui courent après la baballe, ils se marrent ! Ils sont contents ! Ils s’amusent ! Pareil au parc municipal. Qui va improviser un match de foot avec les gamins du quartier ? Soyons clairs : je hais les hommes.

 

 

Depuis que je suis gamin, j’aime regarder les femmes. Les femmes, c’est la grande aventure de ma vie. Je suis subjugué par leur sensualité mystérieuse, leur plaisir subtil. Elles me plaisent toutes. Elles sont belles, mêmes les moches. Chaque année au printemps, je me réjouis de voir revenir le soleil et les jambes nues. Leur démarche change, elles sourient en marchant, elles me rendent heureux. J’imagine leur chatte et j’ai toujours envie de m’y enfoncer. J’ai envie de toucher leur cul, leurs seins, de les lécher. Oh je suis pas du genre à les siffler, mais ces pensées-là me rendent joyeux.

Puis il y a Rose, ma femme. Elle est si belle, secrète et mystérieuse, tellement imprévisible. Dois-je m’étonner qu’elle soit lunatique, le cyclede la femme n’est-il pas celui de la lune ? Ma Rose est tellement sensible.Je lui suis fidèle, en général. Le matin, quand elle dort encore, elle semblesi fragile, démunie, ma tigresse. J’ai envie de la prendre dans mes bras. Elle risque évidemment de m’engueuler parce je l’aurai éveillée et qu’elle a des problèmes de sommeil. Toutes les femmes que j’ai aimées étaient insomniaques. C’est incroyable de ne pas dormir, s’il y a bien un truc qui me dépasse, c’est ça. T’es fatigué, tu dors, non ?

 

 

J’ai épousé un con très sympa, qu’il croit. Le genre de gaillard qui m’offre des roses roses parce que je m’appelle Rose. Le genre de mec qui adôôôre les femmes, les respecte et … qui pourtant a des conversations édifiantes avec ses potes.

— Si les femmes y connaissaient quelque chose en vin, ça fait longtemps que…

– Ben oui, c’est comme les grands chefs, t’as déjà vu une femme qui …

– Et qu’en haute-couture

– En fait, nous, les hommes, c’est tout ou rien.

– Exactement ! Comme je dis moi, quand il s’agit d’être nuls ou excellents, on peut compter sur nous. Les femmes, leur truc c’est juste la moyenne.

Si je passe à ce moment, il roucoule « ça va Trésor ? », « ça roule Poussin ? ». Il m’énerve.

C’est pour cela que je vais lui couper les couilles cette nuit, pour voir s’il fera encore le malin après. Ma cisaille est prête. Oui, je vais le faire.

 

Ma Rose est tendre, mais elle le cache. Elle a une pudeur incroyable. Ce n’est pas le genre de femme qui vient se mêler des conversations des hommes, elle sait rester à sa place. En même temps, elle a le sens de la répartie et me surprend souvent. Par petites touches subtiles. Je ne suis pas toujours sûr de la comprendre. Mais c’est comme ça les femmes, tout en finesse. Il ne faut pas dire qu’elles sont compliquées. Elles sont faites différemment, c’est tout. Ma Rose adore me surprendre, elle m’a dit qu’elle me préparait une surprise pour ce soir. J’ai hâte de découvrir ça. Après tout c’est la Saint-Valentin, un truc un peu commercial, mais c’est vachement important pour les nanas.

 

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FPC, le 17 février 2017

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